James Reacher - 23/04

Et quel meilleur endroit pour embaucher du monde qu’une taverne bondée sur les quais de Luvaan en fin de journée.

taverne

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Spoiler:

Vous me faites un RP taverne pour le recrutement. D’emblée. Pas de préliminaire, même pas un semblant de léchouille ou une phalange indiscrète : ça y va direct. Vous êtes des garçons hardis, y’a pas à dire.

Je vais vous exécuter, mais pour votre audace, je vous garantis à tous une mort de guerrier.

Je suis honnêtement curieux de voir ce que ça va donner. Je sais que vous ne faites pas dans le convenu et le prévisible, que vous êtes une chouette brochette de joueurs, j’espère une approche assez plaisante des événements. Faites les choses bien, je vous en prie. Que je puisse montrer à tous les futurs contrevenants ce qu’est un bon RP-taverne.

SEULEMENT ! Ça ne se fera pas.

Styx - « Enculé ! »
James - « Tu chipotes, ordure ! »
Jack - « La critique de tes morts, de quoi tu te plains ?! »
Jagger - « Compote de pommes. »

Oui. Oui. Tout ça et plus encore.

J’ai pas l’impression que vous ayez accordé vos instruments avant de nous jouer la partition. Y a-t-il eu une intrigue globale écrite entre vous avant de poser le tout sur le forum ? La question est insincère, car je pense pouvoir le deviner avec exactitude.
L’arrivée de James rompt l’élan précipité de l’introduction, et cela est de mauvais présage. Mais que Jack arrive les mains dans les poches et ne relance pas l’intrigue d’un iota, ça, ça me fait me dire que vous vous êtes lancés là-dedans sans savoir où vous alliez. Des RP improvisés, ça peut donner des aventures incroyables, imprévisibles et dingues. Mais ça peut aussi – et c’est souvent le cas – donner des RP où les joueurs passent leur temps à hésiter, à pas savoir où ils vont et à repasser la patate chaude au voisin. Non seulement ça se sent violemment à la lecture, mais ça vous tue le plaisir de lire l’aventure. Pourtant, avec une distribution pareille, Styx, James, Jack et Jagger, j’aurais dû triquer jusqu’au menton du premier au dernier post.

Vous vous êtes vraisemblablement fixé comme seul objectif : « On fout le bordel dans une taverne et à la fin, on repart tous les quatre ». Seulement, même le bordel, ça se range et ça se travaille. Il faut définir les éléments qui provoquent l’explosion en chaîne, donner un rôle précis à chacun afin qu’il s’en acquitte et sache quoi faire. Là, on a Styx qui pose la base et qui le fait bien, James qui propose un truc sans trop le proposer et sans trop convier les autres joueurs, Jack qui ne sait pas du tout ce qu’il fout là et qui fais juste s’asseoir son perso, puis Jagger craque l’allumette pour la jeter sur le bon baril, et enfin ça bouge un peu. Je ne recherche pas de l’action, là n’est pas mon propos, mais je préfère encore du Michael Bay bien gras où tout pète dans tous les sens qu’un film expressionniste muet allemand avec des mimes immobiles qui regardent droit devant eux. Jagger a compris qu’il n’allait pas s’emmerder à chercher à aller vers ses partenaires, il les ferait converger au centre de la centrifugeuse dont il était le chef d’orchestre.

De toute façon, ça aurait finit comme ça même si vous aviez su interagir intelligemment. RP taverne oblige.
Ah non mes aïeux, c’était pas un bon que j’ai lu là.

Je crois avoir pas mal chargé James et Jack dans les commentaires individuels, mais je vais quand même placer la responsabilité première de la chienlit sur Styx et Jagger. Pas de jaloux.
Vous jouiez ensemble auparavant et savez vous accorder. Ce qu’il fallait faire, c’est réussir à convier Jack et James qui sont assez étrangers à votre dynamique, quitte à un peu les tirer par le col pour les faire venir à vous. Seulement, vous avez joué tous les deux – brillamment, certes – mais tous les deux seulement. Et vos actions, menées l’un envers l’autre quasi-exclusivement, excluaient presque les deux autres qui ne voulaient manifestement pas jouer les trouble-fête dans votre duo. Je comprends par moments qu’ils se sentaient de trop. Quoi que, Jagger a quand même su tendre les mains qu’il fallait pour convier au moins James à venir à vous.
Cela dit, rien n’empêchait Jack et James de créer un contenu à deux de leur côté.

Le RP, d’un bout à l’autre, suinte l’improvisation. On glisse dessus et on se casse la gueule. Il fallait un plan préalable. Le RP taverne, ça ressemble à un délire facile… mais c’est précisément parce que c’est s’adonner trop aisément à la facilité que ça devient casse gueule. Le scénario est écrit d’avance à l’encre mêlée dans le rhum et le sang. Il faut avoir de la finesse et du doigté pour au moins s’émanciper des carcans étriqués que suppose pareille trame. Y’en a pas eu, aucune approche originale ou un brin minutieuse pour que la trajectoire ne soit pas trop rectiligne. Tout va de soi, sauf la satisfaction à la lecture. Ça cogne, ça cogne dur et ça cogne bien, surtout du côté de Jagger… mais ça devient très vite lourdingue, surtout que la coopération ne vient pas d’elle-même. J’espérais sincèrement un recrutement épique, j’ai juste vu quelques profils éparses se rassembler mollement et sans trop de conviction à l’occasion d’une ivrognerie agitée.
Et puis tout le monde cherche à attirer la couverture à soi. James cherche un peu à faire varier le contenu et Jagger l’écrase pour reprendre le bordel de plus belle. C’est une lutte d’influence qui a lieu, mais pas entre les personnages : entre les joueurs. Et entre deux experts du RP, dont un au caractère bien affirmé avec Styx et Jagger, y’a de la place pour personne et ils n’en ont fait aucune.

Niveau script – on appellera ça comme ça – tout y passe, le grand méchant bêta et ses copains qui sont cons pour la finalité de l’être et provoquer la baston, l’absence totale d’adversité ; vous rouliez sur tout sans efforts, la Marine qui arrive au milieu de la baston générale. Il manquait plus qu’une assemblée parlementaire et là, ça aurait été un très beau bordel.
Le chaos était bien décrit – quoi que narré différemment selon la plume concernée – mais n’avait rien de satisfaisant, car convenu et espéré d’avance. Enfin… espéré… disons plutôt « attendu ». Et pas impatiemment, je vous prie de le croire.

Attendez mais… le RP se termine comme ça ?

Même le titre est difficilement respecté

C’est vraiment une fin à l’arrachée. Vous étiez partis trop loin sans savoir où aller, alors vous vous êtes recrutés. James a recruté Jack et Styx a recruté Jagger, c’est ça ? Y’a pas que le combat qui était un foutoir, à moins de présumer des intentions de vos personnages, on comprend pas trop ce qu’il se passe au milieu des errements à quatre.
Y’aurait au moins fallu un dernier post par Styx et Jack pour que ça soit conclu correctement, parce que leur dernière intervention est clairement laissée en suspens.

Désolé les gars, vous avez beau être de bons et de très bons joueurs, c’était exécrable à lire. Il faut que vous vous penchiez sur un script avant de vous lancer, ou au moins suivre l’impulsion d’un ou plusieurs joueurs – à condition que ceux-ci aillent dans la même direction. C’était pénible à lire et ça s’aggravait de post en post où vous étiez chaque fois un peu plus hors d’haleine.
Ç’aurait dû être un RP légendaire – un recrutement, faut marquer le coup – et ça aura fini en regrettable foirade. J’en suis le premier navré.

Commentaire individuel :

Tu situes bien comment et pour quoi ton perso arrive là où se trouve Styx. Y’a pas d’incohérence ou de prétexte à la critique, néanmoins, j’ai une réserve à émettre. Styx, dès son premier post, a instauré un rythme qui fuse, qui a du peps, ça y va gaillardement à la lecture. Prendre le temps de présenter ton personnage casse justement ce rythme qui aurait gagné à être encensé.

C’est pas une faute ou quoi ou qu’est-ce, mais je t’exprime mon ressenti de lecteur. Je virevolte rapidement et là, on me prend par le col, on me ramène avant le point de départ, et on vogue de manière soutenue. Ça frustre un brin, tu aurais gagné à relancer l’élan en faisant débuter le post exactement à la suite du sien, quitte à préciser plus tard dans le post, de manière plus ou moins allusive, comment James était arrivé là.

« Pfiou ! Ça manque d’animation, non ? fit l’un de ses compagnons.
- Ouais, faudrait p’têtre organiser des p’tits combats clandestins pour fructifier notre maigre salaire. T’en penses quoi, p’tit gars ?

Une fois à hauteur d’épaule, il saisit le bras du tireur et l’emmena vers une ruelle de l’autre côté de la voie passante. Il le plaqua gentiment contre le mur, mais suffisamment fort pour le faire atterrir.

Barème: