[Fiche d'île] La Plage

Un beau jour, en solitaire, peu de temps après qu’il eut ingurgité son fruit, le récent possesseur du Fruit du Sable s’était, le temps d’une convalescence, trouvé sur une île déserte sans grand intérêt. Le temps qu’il récupéra d’une précédente algarade, celui-ci profita de son isolement afin de tester les limites du Fruit du Sable. De quoi alors évaluer pleinement son potentiel destructeur autant que constructeur. Le temps de ses expérimentations, ce maudit profita de son pouvoir d’assèchement  pour aussitôt défricher une forêt encombrante. Puis, laissant libre cours à son sens artistique, il bâtît ensuite un immense château de sable où il s’y reposa avant de partir pour de nouvelles aventures.

Quelques mois plus tard cependant, il se trouva des pirates appartenant à la tribu des longs-bras pour s’échouer sur cette même île après qu’ils eurent eux aussi réchappé à un naufrage induit par la Marine. Ces rescapés, découvrant le château sur place, investirent la place, ayant dans l’idée d’abandonner la piraterie pour se lancer dans l’hôtellerie. On se découvrait toujours des vocations pacifiques après que la Marine vous ait pilonné sous son artillerie.

Les choses en entraînant une autre, par le bouche à oreille puis par voie de presse, l’île - surnommée La Plage - se développa plus que de raison. Devenus les maîtres de ce territoire dont l’urbanisme se trouva en constante expansion, s’étant même affiliés au G-M qui les avait jadis traqués les longs-bras, campés sur une royauté parlementaire qu’ils s’étaient bricolée la veille, ils devaient à présent gérer des problèmes de taille : l’arrivée de pirates opportunistes.

Précisément parce qu’ils s’étaient embourgeoisés et, parce qu’ils savaient de quoi étaient capables des forbans en villégiature, le conseil royal ne toléra pas la présence de pareils individus sur leur île. Les intrus, ayant en effet fait de La Plage  un sauf-conduit pour y boire loin de la Marine, nuîrent bien vite à l’ordre en commettant diverses exactions. Assez, en tout cas, pour compromettre l’allégeance gouvernementale dont se targuait l’île.

Pour ne rien arranger, les vagues d’immigrations successives, notamment de longues-jambes et de Nains, ne tardèrent pas à encombrer les capacités économiques de l’île. Si une classe moyenne a très vite émergé à La Plage, les précaires furent quant à eux légion, cachés loin derrière le château de sable afin de ne pas indisposer les touristes.

Dans un contexte de tension sociale et même raciale, les longs-bras en charge de l’île s’efforcent d’arbitrer les affaires communautaires de la cité sans risquer une Révolution dont ils matent implacablement les moindres séditieux. Ils peuvent d’ailleurs, dans cette entreprise, compter sur le Marquis de Battel, éminent chasseur de primes de Cross Guild, logé en ces lieux après y avoir flairé de la canaille.

Entre la grogne due à la situation démographique ingérable – l’immigration de peuplement n’étant pas régulée – et la piraterie agissant comme bon lui semble dans les rades, La Plage a très vite perdu de ses attraits idylliques. Ce ne sont alors plus tellement les touristes qui investissent les lieux, mais divers lots de réfugiés et exilés divers, venus ajouter leur dose de discorde sur la poudrière.

Et tout cela, ce contexte politique houleux et précaire, n’était parti que d’un château de sable qu’un utilisateur de Logia avait construit pour tromper l’ennui. Ce qu’il laissa derrière, sans le savoir, fut alors un microcosme de mouches-à-merde laissées dans le modeste étron qu’il était venu pondre avant de reprendre la route. Il s’en faut de peu pour créer une civilisation. Aussi branlante soit-elle.