[Fiche d'île] Amür

Apparemment modelée pour évoquer, suggérer ou même, intimer à l’amour, l’île d’Amür a été bâtie et fondée afin de favoriser les rencontres amoureuses de qui s’y rendrait en villégiature. Considérée longtemps comme quelques vagues hectares de terre forestière étalés sur une topographie ingrate, rares sinon nuls furent les colons à s’y sentir aventureux. Sans rien de probant à y exploiter, avec des perspectives agricoles relativement faible si l’on s’essayait à y cultiver quoi que ce soit, personne, jusqu’à il y a deux décennies de ça, ne s’était jamais risqué à y fonder quelconque bribe de civilisation que ce fut.

C’est sur le tard, à l’aune du siècle nouveau, que Lib Laceef, un ancien préposé du Gouvernement Mondial aux affaires commerciales, se sera senti une soudaine fougue. Une qui le conduisit à faire mûrir sa propre civilisation.
Sur ses fonds propres – particulièrement élevés eu égard à quelques pots de vins gracieusement versés lorsqu’il occupa sa précédente charge – Laceef fit bâtir sa propre île. Il y serait Commandeur et les lois seraient dictées par nul autre que l’Amour. On ne trouve point d’arme à Amür ; la moindre dague y est en effet abandonnée en douane à peine les quais franchis. Il en va par ailleurs de même pour tout appareil potentiellement susceptible d’enregistrer images ou sons, tels que les Escargocaméras ou encore les Audio Dials et les Visio-Dials. Ce qui se fait à Amür ne regarde que ceux qui s’y rendent, chacun est alors libre de laisser libre cours à sa passion amoureuse.

L’île toute entière, dans les libéralités accordées à qui s’y trouve, a le bon goût d’être truffée de charmants chalets et autres cabanons intimes, ceux-ci étant mis à disposition des couples s’étant noués sur place. Parsemés loin les uns des autres, souvent gardés à l’abri des regards indiscrets par la flore foisonnante, ils sont des endroits tout désignés pour faire plus ample connaissance en petit comité. Il est à noter que l’ensemble des autochtones sont là pour entretenir ces installations. Ce qui, en l’état, suppose notamment de changer les draps, mais aussi de tenir les lieux salubres et d’entretenir la végétation luxuriante aux alentours. Les Amüriens sont, pour la plupart, des colons de fraîche date venus s’établir ici car ne trouvant pas de travail peu qualifié ailleurs à West Blue.

Outre les travailleurs manuels et autres délégués aux importations – car Amür dépend de l’extérieur pour à peu près tout – une autre classe de travailleurs atypiques y a ici trouvé la voie de la fortune. Du fait que les très nombreux touristes rendus sur place viennent avec l’espoir assumé de trouver ici prétexte à l’amour ou au batifolage, ceux-ci constituent des proies de choix. Des proies toute désignée par les « Amoureux », cette caste informelle cherchant à séduire pour faire consommer.