Un bain de soleil bien mérité [Flashback - PV Namir]

Cette femme se décide à jouer son rôle de mère seulement maintenant ? C’est assez ironique maintenant que je connais la vérité. Néanmoins … je ne peux pas me permettre de tout lui avouer. J’ai fouillé dans les affaires de père, et j’ai découvert qu’il est encore en vie, ce n’est pas la peine de tenter de me racheter avec des voyages qui coûtent un bras. Je pourrais bien évidemment lui lancer cette vérité en plein visage, mais tâchons de d’abord connaître les véritables raisons qui l’ont poussée à m’amener avec elle à « La Plage », cette île nordique au climat tempéré.

« Anna, puis-je connaître l’heure d’arrivée ? »

« Bien sûr Myrcella, nous devrions arriver dans une heure ou deux, de quoi te détendre un peu dans le spa du sublime navire que j’ai loué pour nous emmener. »

« Non, sans façon, j’ai encore des livres à lire. »

« Allons ma chère, laisse un peu ces vieilleries et repose ton corps et ton esprit, tu en as besoin, tu as l’air tellement tendue. »

J’étais assise face à un bureau style baroque posé dans un coin de l’immense cabine que nous occupions toutes les deux. C’est alors qu’elle s’approche de moi et pose ses mains froides sur mes épaules dénudées dû au fait que je ne porte à ce moment que mon débardeur gris et un pantalon cargo marron. Sous l’effet de ce contact je me raidis et repousse ses mains d’un revers de la mienne.

« Myrcella … tu ne vas pas faire la tête durant tout le séjour. »

« Je ne fais pas la tête Anna, comme tu t’amuses à le dire depuis que nous avons quitté le Royaume. »

« Non, Myrcella, ça ne m’amuse pas cette situation. J’aimerais retrouver la petite Myrcella dont je me suis occupée … »

Je la coupe dans sa phrase.

« Dont tu t’es occupée ? Ne me fais pas rire Anna. À présent je te prierais de bien vouloir me laisser étudier cet ouvrage en paix, est-ce là trop demandé ? »

Plus un son, plus un soupire, juste le bruit des vagues et du navire en mouvement sur la houle qui nous emporte. Je reste le regard figé dans le livre que je dévore, sentant qu’Anna s’éloigne pour finalement quitter la cabine. La pression retombe alors, me faisant presque lâcher une larme, ce que je peux être faible et ridicule dans ce genre de situations. Peut-être devrais-je prendre la mer à mon tour, seule, et ne jamais revenir au Royaume. Mais pourquoi ? Qu’est-ce que je ferais dans ce monde si vaste qui me paraît être une véritable jungle où la loi du plus fort règne en maître. Où le Gouvernement a posé son emprise un peu partout … que suis-je censée faire. La fatigue et la somnolence me gagnent alors, me faisant piquer du nez jusqu’à m’endormir sur le livre ouvert devant moi.

« Myrcella … Myrcella debout, nous sommes arrivés. »

« Hmmm … ? Ah … merci, j’arrive. »

« Les majordomes ont descendus nos bagages et les ont emportés à notre résidence de vacances, je t’attends pour aller se promener en bord de mer ? »

« Non. Je dois ranger mes livres, j’irais seule. »

« Tu es sûre ? J’ai cru entendre un majordome dire qu’il y aurait de bons vendeurs de … »

« J’ai dis non Anna. »

Là encore, ma réponse est sans appel, Anna ne cherche pas plus loin et quitte la cabine d’un pas rapide, ne voulait apparemment pas discuter davantage. C’est parfait … j’ai pu dormir le temps qu’il restait de trajet, je n’ai donc qu’à ranger mes livres et me promener un peu, ça devrait m’aider à calmer un peu mon anxiété persistante. En quelques minutes mes livres ont rejoint leur emplacement dans mon sac que j’enfile sur mon dos rapidement avant d’enfiler mes bottes favorites, on ne peut pas dire que je porte une tenue à l’image de mon nom ni même à l’image du lieu où nous venons d’arriver. Mais l’important c’est de se sentir bien, et je dois bien avouer que présentement, je me sens plutôt bien. Je quitte donc le navire d’un pas décidé pour rejoindre « La Plage ».

« Oh … »

En arrivant sur le pont principal, le soleil me frappe de tous ses rayons, m’éblouissant légèrement, me forçant à placer ma main droite en visière pour apercevoir quelque chose. Et la vue me laisse bouche bée, devant moi s’offre un tout nouveau paysage, un paysage fait de sable, d’arbres inconnus, d’un vent nouveau, d’une brise qui me caresse la peau et de rayons du soleil qui me font sourire. C’est tout simplement magnifique.

« Mademoiselle Reyna, votre mère m’a chargé de vous prévenir qu’elle est partie se promener en bord de mer, si vous voulez allez la rejoindre. »

Mon regard se porte alors sur le membre d’équipage s’étant adressé à moi, un petit homme aux habits déchirés et au visage souillé par le travail qui doit l’épuiser.

« Je vous remercie. »

Je ne la rejoindrais pas. Tranquillement je descends les marches du navire que j’occupais, en resserrant ma queue de cheval haute, suivie du regard par tous les habitants de La Plage qui sont là, au port, bouche bée devant l’immensité et la beauté du navire que je quitte seule. À vrai dire je n’ai que faire de ce qu’ils pensent, je veux simplement me promener au soleil et trouver un coin tranquille pour lire. Avec un peu de chance je pourrais trouver quelqu’un qui pourrait m’indiquer s’il y a une bibliothèque dans cet endroit.

« Une bibliothèque maintenant … »

En me parlant à moi-même, je ne pensais pas que quelqu’un entendrait, mais apparemment je n’ai pas su me montrer très discrète.