[FICHE D'ÎLE] de Eloie

Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il grêle, Eloie ou le Joyau Climatique est une île qu’on trouva d’abord curieuse, puis suspecte, pour enfin la découvrir miraculeuse. Ce petit bout de terre immergé, pourtant désavantagé par une topographie ingrate, là où rien ne devrait en principe pousser, s’avérera un véritable verger où les fruits pullulent en secret.

Bien que cette île, aux premiers abords, a tout d’un maléfice trouvé en mer, il ne faut cependant pas s’y fier. Eloie est une terre qui, malgré ses atouts architecturaux terrifiants, cultive en son sein la joie et la douceur de vivre.
Il y a en effet de quoi être heureux dès lors où le climat vous enveloppe dans ses bienfaits. On ne trouve en effet point de sécheresse ou d’hiver rigoureux en ces lieux, car les cieux et les éléments obéissent à la volonté d’un seul homme.

Cet homme, réputé lugubre du fait qu’il ne souhaita jamais se mêler à la plèbe, reste cloîtré dans sa tour ombrageuse pour y multiplier les expériences climatiques. Une tour qui ne lui appartenait pas jadis ; pas plus que le restant de l’île, mais qu’il prit un jour le parti d’investir de force pour en bouter les pirates qui, jadis, en étaient les maîtres. S’il libéra alors la population local du joug de ses despotes, ce ne fut aucunement par sympathie révolutionne, mais rien que pour pouvoir occuper une terre où on ne viendrait pas lui chercher querelle.

Le climat politique de l’île s’organise ainsi sans que ce démiurge de la météo ne s’investisse ou ne s’en soucie. Pourrait-on réduire à nouveau la population en esclavage qu’il n’en aurait cure et ce, aussi longtemps qu’il ne serait pas dérangé. Que ce soit pour solliciter son aide ou lui chercher querelle, la moindre irruption dans sa tour se traduit invariablement par son courroux climatique, chassant ainsi toutes les autorités politiques de l’île afin qu’on le laisse en paix. Au peuple de se débrouiller par la suite.

La Révolution, consciente de la dynamique politique en cours, après avoir investi une île vierge de toute autorité, aura pris soin de ne jamais déranger le maître des lieux, protégeant prudemment les accès à la tour afin que le malheur qui s’y trouve enfermé ne déchaîna jamais ses éléments contre eux.

En échange de quoi, cette calamité recluse prend soin de gratifier l’île de ses bienfaits. Celle-ci, entourée de nuages bien noirs, est d’abord protégée par la foudre, la grêle et autres multiples intempéries susceptibles de frapper les mers aux alentours. Nul homme ne peut alors se risquer à aborder Eloie à moins d’avoir été convié en ce sens. Au-dessus de l’île, en revanche, trôné un ravissant ciel bleu cerné de nuages de sombres.

Les pluies venues abonder les jardins d’Eloie sont localisées exclusivement au-dessus de ceux-ci afin de ne pas déranger les habitants. Il s’agit alors de jardins hors-sols – Eloie étant perché sur un immense rocher – dont la terre aura été amenée sur l’île grâce à des tornades parties de loin pour s’en aller les convoyer. La température, à Eloie, y est du reste toujours agréable. Ce qui se voulait être une île hivernale révèle alors sur son territoire un perpétuel climat printanier dont les habitants ne trouvent que matière à s’en réjouir.