[Fiche d'île] Saint Poplar

Si l’on parlait jadis de la ville de Saint-Poplar pour désigner son île, cela tenait d’abord au fait que le territoire comme l’urbanisme se confondaient. L’usage est resté mais, de ce qu’on nommait jadis « La Cité du Printemps », ville qui accueillait en son sein près d’un demi-million d’habitants, il n’en reste au bas mot qu’un dixième de ce qu’elle fut. Le Printemps de la cité s’était alors achevé.

Achevé sous les coups de boutoir révolutionnaires qui, pour commettre un coup d’éclat majeur sur une île de renom, avait infiltré ses hommes durant des années jusqu’à grossir comme un bubon prêt à éclater. La salissure fut alors inévitable.

Cité prospère au point que ses instances dirigeantes s’avérèrent indolentes, celles-ci ne surent trop gérer les quelques dizaines de milliers de révolutionnaires surgissait au beau milieu des populations civiles. La guerre qui s’y mena alors s’avéra on ne peut plus asymétrique ; la guérilla s’opposant à des soldats n’ayant jamais connu de conflit, et n’ayant jamais été formés qu’aux manœuvres de guerre conventionnelles.  

La conflit dura trois années, de 1516 à 1519. Les flots de réfugiés – transitant notamment via le train des mers – furent presque aussi conséquents que le nombres de victimes. On estime les pertes de Saint Poplar – tout particulièrement des civils – à plus de 150 000 victimes est disparus. Plus de 250 000 déplacés furent plus tard répartis sur Grand Line ainsi que sur West Blue, notamment auprès de l’Empire de Nuvare dont cet afflux de réfugiés aisés contribua à son essor.

Si la guerre connut un terme, ce ne fut que grâce à un homme ; un traître illustre que l’Armée Révolutionnaire n’en finit pas de maudire pour son revirement. Rody Zuran, alors discrètement approché par le Cipher Pol, fut convaincu d’assassiner les principaux officiers révolutionnaires sur place, moyennant un Fruit du Démon.
Très attentif quant aux événements de Saint-Poplar, le Gouvernement Mondial cherchait lui aussi à tirer les marrons du feu. La royauté locale, cependant, s’était opposée à toute intervention de sa part sur le territoire. La pouvoir en place ne souhaitait pas avoir à choisir entre la Révolution et Marie-Joie, préférant la mort de la Cité de Printemps plutôt son assujettissement à quelque puissance étrangère que ce fut.

Grâce à une attaque coordonnée du Cipher Pol et de Rody le traître, les officiers révolutionnaires ainsi que la lignée royale de Saint-Poplar furent lâchement assassinés. S’ensuivit une débandade des armées en place dont le Gouvernement Mondial profita pour sortir vainqueur d’un conflit auquel il n’avait pas pris part jusque là.
Rody, réuni avec les officiers royaux de Saint-Poplar, convinrent d’une paix ainsi qu’une alliance afin de pouvoir dicter leurs conditions au Gouvernement Mondial. Aucun gouverneur ne leur serait imposé et le général en chef des armées de Saint-Poplar, Amédée Marco, serait sacré roi ; moyennant quoi, la Cité de Printemps – ou ce qu’il en restait – verserait un impôt céleste dont le montant avait été négocié et accepterait la présence d’une garnison de Marine. Rody, quant à lui, serait amnistié et conduit à la charge de Grand Ministre de la Justice.

Le Gouvernement Mondial accepta les conditions. Seulement, le roi Marco, soucieux de reconstruire la Cité de Printemps et surtout, de venir en aide à ses habitants, ne paya pas l’impôt révolutionnaire.
Aussi, plutôt que de se résigner à un Buster Call pour frapper des ruines ou se risquer à une nouvelle guerre de plusieurs années, le Cipher Pol trouva là encore une oreille attentive en celle de Rody Zuran. Le traître, fidèle à ses engagements de toujours, assassina le conseil royal et fit emprisonner le roi Marco afin de le garder en otage et s’assurer de la docilité des militaires.

Sacré roi à son tour, il s’engagea à verser un impôt céleste au Gouvernement Mondial et d’assujettir son armée comme supplétive de la Marine. Celui qu’on appelait dorénavant le Rex, car tributaire du Zoan de l’Albertosaure, prit le parti de ne pas faire reconstruire Saint-Poplar sur l’ensemble du territoire.
Ce nouveau monarque, quelque peu imprévisible, fut en proie à une crise identitaire suite à la consommation de son Fruit du Démon. Celui-ci se sentit dinosaure par-delà sa seule transformation, aussi prit-il le parti d’instaurer un contexte environnemental propre à son rang. On terraforma l’île pour lui donner l’apparence d’une gueule d’Albertosaure et Rody poussa le vice jusqu’à payer des braconniers pour importer des dinosaures de Little Garden.

Ses entreprises ruineuses se couplèrent toutefois à une politique intérieure très libérale. Le Rex attira des capitaux industriels conséquents du fait qu’il ne taxait pas les grosses sociétés et pratiquait le secret bancaire. Les plus grandes richesses du monde vinrent alors s’entasser dans les banques de Saint-Poplar nouvellement élaborées pour l’occasion. En deux ans à peine, l’île prit une autre tournure, autant sur le plan topographique qu’économique.

Les autochtones étant restés sur l’île furent rétribués par une part saisie sur les gains d’épargne de l’île. Cette taxe bancaire, ainsi prélevée sur le plus gros magot bancaire qui soit, a permis à tous les habitants, grâce à une politique de redistribution saine, de vivre comme rentiers. Les militaires y trouvèrent leur compte eux aussi, assurant le traître-roi de leur fidélité.
De par son statut de paradis fiscal et bancaire, Saint Poplar assure ainsi la prospérité de ses habitants et le bon versement de l’impôt céleste. La Marine comme le peuple, alors, lui pardonne ses frasques identitaires à toujours vouloir tout « dinosaurer » à tort et à travers pour mieux convenir à son héritage.

La ville de Saint-Poplar attire autant les capitaux et les investissements que les touristes, car nombreux sont ceux à s’embarquer à travers le Train des Mers – dont la station a été reconstruite – pour voir de leurs yeux cette ville où la vie y est prospère et où les dinosaures, parfois utilisés comme montures, sont suffisamment bien dressés pour vivre au milieu de la population.

Dans l’ombre cependant, des poches révolutionnaires menés par un piaf masqué s’essayent au braquage de banques, n’hésitant parfois pas à s’allier à des pirates de passage pour commettre leurs méfaits. En outre, ceux-ci cherchent à faire s’évader le général Marco, en espérant le rallier à leur cause et s’arroger une partie du soutien de l’armée de Saint Poplar.

Qui arrive sur cette île et à cherche à s’intéresser aux dynamiques, alors, ne tarde pas à constater l’ampleur de ce micmac politico-financier trempé dans une sauce Triassique.